Un parcours chaotique, des renonciations et, enfin, réaliser son rêve, être en accord avec soi-même. À 33 ans, Camille Hervaud a créé la ferme du fleuriste. Un havre de nature qui en dit long sur sa passion du vivant…
Imaginerait-on un monde sans fleurs ? Certainement pas Camille Hervaud, qui a fait de sa passion pour l’art floral son métier, la trentaine passée… « J’ai eu un parcours compliqué à l’ASE(1), confie-t-il. J’ai quitté le Village d’Enfants et d’Adolescents d’Amboise à l’âge de 15 ans pour aller en foyer. J’ai travaillé dans des bars et des restaurants. Quand on n’est pas encadré, on est très vite tenté par la drogue et l’alcool. » Quitter le monde de la restauration devenait impérieux.
Il y a quatre ans, Camille engage sa reconversion et entreprend une formation de fleuriste.
« J’ai toujours aimé les fleurs, avoir les mains dans la terre. Je dois cela au Village d’Amboise. J’étais très impliqué dans la ferme pédagogique. C’est ce qui m’a donné le goût de travailler avec la nature. » Son CAP en poche, déçu par son expérience dans de grandes enseignes, il va au bout de son rêve : fonder sa ferme florale.
Les fruits ne tombent jamais loin de l’arbre. C’est à une quarantaine de kilomètres d’Amboise que Camille installe sa ferme horticole. « Un couple de personnes âgées a accepté de mettre gracieusement à ma disposition pendant trois ans un terrain de 1 600 m2. » Sans diplôme en agriculture, il n’a en effet pas accès aux terres ni aux financements de la Chambre d’agriculture. Heureusement, il sait toucher le cœur des personnes à qui il s’adresse.
Depuis le lancement de La ferme du fleuriste en février 2022, Camille a construit de petites serres avec des matériaux de récupération. Il travaille la terre naturellement en nourrissant le sol avec de la paille et du bois broyé. Il a planté de multiples variétés de fleurs et de légumes qu’il vendra, dès cette année, localement. Des arbres également, pour fournir une ombre naturelle aux plantations.
Camille souhaite aussi partager sa passion avec des enfants et des adultes, les sensibiliser au respect de l’environnement et aux pratiques de culture raisonnée, mener des projets de réinsertion. Fin avril, il a ainsi accueilli pendant une semaine un petit groupe d’adolescents et leurs éducateurs des Villages ACTION ENFANCE, dans le cadre d’un séjour de rupture. « Je veux leur passer le message que ce n’est pas parce que l’on est élevé dans un établissement de l’ASE que l’on ne peut pas réussir. »
Camille est encore tout étonné du soutien qu’il a reçu d’ACTION+ au moment de sa reconversion. « Je n’aurais jamais pensé que près de 20 ans après mon départ, je pourrais encore compter sur ACTION ENFANCE. »
Si Camille est parti de la Fondation à l’âge de 15 ans, c’est parce que Sylvaine, la mère-éducatrice qui veillait sur lui depuis son arrivée au Village, quittait son poste. « Elle voulait m’adopter mais, pour diverses raisons, cela n’a pas été possible à l’époque. J’aurais voulu la suivre mais ce n’était pas possible non plus. Alors, je n’ai pas souhaité rester au Village. Ma mère, c’est elle ! », se confie Camille. Aujourd’hui, sa demande d’adoption est sur le point d’aboutir. « Je vais enfin pouvoir porter son nom. Cette femme m’a sauvé la vie ! », dit-il avec émotion.
(1) Aide sociale à l’enfance