Pour grandir, s’épanouir, devenir autonome, l’enfant a besoin d’être nourri dans son corps et son esprit. Répondant à la fois à la nécessité de se construire un capital social et au besoin d’expérimenter, l’ouverture sur le monde est considérée comme un enjeu éducatif majeur pour ACTION ENFANCE. Dans ce domaine également, la Fondation a un projet pour chaque enfant.
Dans le calme de sa chambre, Timéo dévore tous les livres qui lui passent entre les mains. Cette année encore, Thaïs et Lindsay ont participé à « ACTION ENFANCE fait son cinéma », dans les coulisses du tournage ou devant les caméras. Après son voyage au Togo, Samora rêve de missions humanitaires. Marie-Clotilde passe des séjours ressourçants chez sa marraine. Nathanaël, Amélie et Shaïna, qui aimeraient travailler dans le social, ont fait leurs armes solidaires à Noël auprès des sans-abri. Dylan a pu goûter aux joies du football et de tant d’autres sports, passion dont il fait aujourd’hui son métier. Point commun entre ces enfants et jeunes : avoir pu accéder aux activités et expériences qui les tentaient au cours de leur accueil dans un Village d’Enfants et d’Adolescents de la Fondation.
Pour ACTION ENFANCE, l’ouverture au monde est un enjeu éducatif majeur. « Nous nous préoccupons en permanence de proposer des espaces de découverte et d’échanges. Nous nous devons d’offrir aux enfants que nous accueillons des possibles et des ailleurs, d’autant qu’un grand nombre d’entre eux n’ont pas ou peu de droits de visite et d’hébergement », affirme avec conviction Vincent Trugeon, responsable projets éducatifs à la direction Innovation, appui et qualité de la Fondation. Dans les Villages ACTION ENFANCE, tous les enfants, en fonction de leurs besoins et de leurs envies, sont inscrits et participent à des activités sportives, artistiques, culturelles. Tous partent en vacances durant l’été. « Nous avons cette chance, à la Fondation, de bénéficier de la générosité de nos donateurs et partenaires privés, qui vient compléter le financement des Départements. Ces ressources nous donnent une plus grande latitude pour proposer des pratiques artistiques, culturelles ou sociales qui insufflent de la vie et du plaisir dans le quotidien », poursuit-il. Pour aider les enfants à devenir des « êtres culturels » autonomes, qui ont appris à être curieux, à avoir une pensée critique et créatrice mais aussi à mieux extérioriser leurs émotions, la Fondation ne ménage pas ses moyens.
Pendant les grandes vacances, la Fondation propose à tous les enfants et jeunes de partir vivre d’autres choses, avec d’autres adultes et enfants. « Dans leur grande majorité, les enfants que nous accueillons ne passent pas leurs vacances en famille » confirme Jérôme Foisnet, directeur du Village d’Enfants et d’Adolescents de Monts-sur-Guesnes. « Nous leur proposons notamment des colonies de vacances. En complément, les enfants d’une même maison peuvent partir en séjours accompagnés par les équipes éducatives du Village. » Cet été, certains séjourneront quelques jours au bord de la mer, en Vendée. « Nous avons également loué des mobil-homes pour une période de six semaines dans un camping, non loin du Village. » Une bulle d’air appréciable. En Indre-et-Loire, cinq enfants, accueillis au Service d’accompagnement renforcé de Pocé-sur-Cisse n’avaient jamais vu la mer. Ils passeront également quelques jours cet été sur la côte Atlantique. Des séjours sont aussi rendus possibles grâce à la générosité de partenaires, comme ce fut encore le cas, l’hiver dernier, aux Ménuires grâce aux hébergements au pied des pistes offerts par l’Office de tourisme. Dans de nombreux Villages ACTION ENFANCE, des Scouts et Guides de France viennent en renfort d’animation pendant quelques jours. Ils offrent ainsi aux enfants de belles occasions de rencontres autour d’activités sportives, de jeux de société, de veillées ou de sorties découvertes. Le parrainage ou les accueils temporaires par des familles bénévoles contribuent également à sortir les enfants de l’environnement collectif.
Au sein de l’ADSL, nous envisageons le sport sous l’angle du plaisir. Pas de compétition, uniquement de la valorisation. Le fait que cette association soit ouverte aux habitants de la commune est extrêmement intéressant pour les jeunes.
Tout au long de l’année, petits et grands ont besoin de se dépenser, de se défouler. « Le sport joue un rôle essentiel dans le développement cérébral et les apprentissages. Il sculpte le cerveau autant que le corps », précise Patrick Ribardière, éducateur sportif. « Pendant la crise sanitaire liée au Covid-19, l’accès aux clubs sportifs était impossible, il fallait occuper les enfants intelligemment, explique Jérôme Foisnet, qui a recruté ce professionnel du sport au lendemain du premier confinement. Il m’a parlé de motricité, d’effort physique, d’endurance. Il m’a démontré que les enfants pouvaient développer des compétences de différentes manières. » C’est ainsi que des ateliers de motricité ont été mis en place pour les plus petits, des séances de sport collectif ou individuel pour les plus grands ou encore la découverte d’activités originales comme le slackline (1). Voulant rendre cette démarche pérenne, sans avoir la possibilité de créer un poste au sein du Village, le directeur a alors l’idée de créer une structure associative. Née en janvier 2022, grâce à l’implication de six salariés du Village, l’Association découverte sports et loisirs (ADSL) poursuit donc son programme « hors les murs ». « Avec une originalité majeure, souligne Meghan Mollo, éducatrice familiale et présidente de l’ADSL, nous contribuons à élargir l’offre sportive de la commune de Monts-sur-Guesnes. Les enfants de la ville peuvent s’inscrire, ce qui contribue aussi à mieux intégrer les enfants du Village d’Enfants et d’Adolescents. » Trois activités sont proposées pour répondre aux aspirations du plus grand nombre : multisport, football en salle (Fùtsal) et tennis de table. « Les enfants sont très assidus. Ils peuvent s’y exprimer autrement que dans leur lieu de vie habituel, avec d’autres regards d’enfants et celui d’un sportif professionnel. C’est extrêmement positif. » Au sein de l’ADSL, Patrick Ribardière poursuit un travail engagé depuis deux ans. « Nous en mesurons tous les bénéfices. Il y a moins d’incivilités parce que le sport aide à chasser le stress et les pensées négatives. La pratique d’un sport collectif emporte les notions d’effort et de solidarité. Le sport permet aussi de mieux connaître son corps, de développer la confiance en soi et dans les autres, la fierté, la curiosité, la joie… C’est très fort sur le plan éducatif », complète l’éducateur sportif.
Depuis sa création, ACTION ENFANCE mise sur l’éveil à la culture, puissant levier de ressourcement et de reconstruction personnelle. Suzanne Masson, sa fondatrice, qui détenait elle-même des talents d’artiste, initiait déjà les enfants à différentes activités créatrices. Le 4 juin dernier, le Prix Littéraire de la Fondation a célébré sa 24e édition autour d’une sélection d’ouvrages destinée à satisfaire les appétits des tout-petits comme des plus grands. Tout au long de l’année, il a donné lieu dans les Villages à des ateliers de lecture, d’expression et de créativité. Timéo lit avec intensité la sélection de l’année, mais aussi les livres qu’il emprunte à la bibliothèque de son école. Il est abonné à J’aime Lire et ses éducatrices familiales projettent de l’inscrire à la médiathèque de Troyes. De plus, il participera à la prochaine sortie théâtre organisée par le Village.
Cet ailleurs permet des rencontres différentes. Il participe à la construction de l’identité. Nous nous construisons tous en miroir. Plus on offre à l’enfant de possibilités de références, et plus c’est enrichissant pour lui.
Aux richesses de la lecture, la Fondation a ajouté depuis cinq ans la découverte du 7e art avec son projet « ACTION ENFANCE fait son cinéma ». Une expérience aussi originale qu’enrichissante, parrainée par le ministère de la Culture. Réalisés par des étudiants de quatre écoles de cinéma, 16 courts-métrages emmènent la quasi-totalité des enfants et des jeunes dans une aventure cinématographique. Pendant quatre jours, les équipes de tournage bousculent le quotidien des Villages. À Pocé-sur-Cisse, Thaïs a découvert la réalisation, après avoir incarné une fillette au bras cassé et une princesse dans les précédentes éditions. Sa sœur, Lindsay, jouait le rôle d’un bandit, initialement écrit pour un garçon. Au casting, elle avait convaincu qu’il pouvait être tenu par une fille. Donner accès à la lecture à tout âge, emmener les enfants au théâtre ou à l’opéra, visiter monuments historiques et musées, participer à l’aventure d’un film et, peut-être prochainement, organiser un concours d’éloquence… ACTION ENFANCE est, pour les enfants et les jeunes qu’elle accueille, un passeur de culture. « Pour que chacun puisse construire son propre cheminement, sa propre pensée, son libre arbitre », conclut Vincent Trugeon.
L’expérience « ACTION ENFANCE fait son cinéma » est un moment magique. C’est la rencontre entre des étudiants – qui arrivent avec un peu de stress lié au fi lm à réaliser – et des enfants qui les accueillent avec tellement de joie, de gentillesse et de curiosité que cela devient … un jeu d’enfant. Apprendre un texte, être patient, ce ne sont pas tellement leurs forces. Nous les mettons à l’aise : ils ont le droit de se tromper, on fera plusieurs prises ! Joullian, qui jouait le grand méchant, avait complètement pris possession de son personnage. Il l’enrichissait avec des regards, de petits gestes qui font tout le charme à l’écran. Certains enfants nouent rapidement des liens très forts avec des membres de l’équipe. Kellian, le chef costumier, passait beaucoup de temps avec eux. Ils ont énormément discuté, les enfants lui posaient plein de questions. Pour ma part, j’ai beaucoup échangé avec Maël, l’acteur principal et on se parle encore souvent au téléphone. C’est une initiative très heureuse, qui sort les enfants de leur quotidien, leur permet de découvrir le cinéma, de voir combien des gens s’investissent sur un projet. Et de rêver, tout simplement !
(1) Marche en équilibre sur une corde tendue entre deux arbres