Emmie, Christelle, Raphaël et bien d’autres enfants fêteront Noël au Village d’Enfants et d’Adolescents dans lequel ils sont accueillis. C’est alors l’institution tout entière qui s’organise pour que cette période soit joyeuse et riche de bons souvenirs malgré l’absence des parents.
À quelques semaines des vacances de Noël, Amélie Arnould et Marion Abraham, éducatrices familiales de la maison Havane du Village d’Enfants et d’Adolescents de Bar-le-Duc, se préparent à accompagner l’une des périodes de l’année les plus chargées en émotion.
Noël, fête familiale par excellence, est toujours un moment délicat dans la vie des enfants accueillis à la Fondation. Surtout lorsqu’ils ne rentrent pas dans leur famille et n’ont, pour certains, aucun signe de vie de leurs parents. « Dans notre maison, nous accueillons des adolescents qui ont bien conscience des difficultés parentales. Cela reste néanmoins des moments de vie très compliqués », souligne Amélie Arnould qui partage le quotidien de ces fratries depuis sept ans.
« Pendant les fêtes de fin d’année, le sentiment de manque est décuplé. Beaucoup d’émotions se jouent, tristesse, angoisse, colère… Nous essayons de les accompagner au mieux, par notre disponibilité, notre écoute, notre empathie. Ils perçoivent, à notre présence, notre attitude et nos actions, qu’ils peuvent compter sur nous et qu’ils comptent pour nous », explique-t-elle.
Chaque situation est différente mais toutes sont douloureuses et offrent peu de ressources extérieures au Village. À l’exception de Christelle et Emmie, dont la sœur aînée fait des études et peut les accueillir quelques jours dans son appartement, les autres adolescents auront le Village pour seul cadre de ces fêtes. Dans ces circonstances, la fratrie reste un ancrage. Heureusement pour Raphaël et Sylvain, leur sœur, qui vit en famille d’accueil dans un autre département, viendra passer quelques nuits dans la maison Havane.
« Les fêtes de fin d’année appellent une réflexion individuelle et personnelle mais aussi commune et transversale, afin que chacun trouve sa place, que les fratries puissent partager de bons moments. Nous qui sommes continuellement dans la suppléance parentale, nous avons vraiment à cœur de leur offrir de belles fêtes, de beaux souvenirs et de faire vivre l’esprit de famille au travers de la fratrie », poursuit l’éducatrice familiale.
Pendant ces vacances de Noël, nous essayons d’insuffler une dynamique festive. La maison est décorée, beaucoup d’animations sont organisées par le Village et des activités spécifiques sont proposées à chacun. Les enfants reçoivent des cadeaux, offerts par ACTION ENFANCE et ses partenaires privés. On essaie de faire vivre la magie de Noël, tout simplement ! Mais il ne s’agit pas d’occulter la situation. La douleur demeure dans les cœurs, les enfants ne l’oublient pas. Ils grandissent avec ce manque d’une famille présente à leurs côtés. Par notre disponibilité et notre bienveillance, nous essayons de palier la souffrance sans jamais la nier. Le matériel ne compensera jamais cette blessure qui les ronge.
Noël représente une lourde organisation au sein du Village tout entier, l’idée étant d’offrir une parenthèse enchantée à chacun. Qu’auront-ils à raconter à leurs camarades au retour des vacances ? Grâce à l’engagement de l’équipe éducative, au soutien et à la générosité des donateurs et partenaires privés d’ACTION ENFANCE, les enfants qui passent Noël au Village auront eux aussi préparé et dégusté des repas de fêtes, vécu des expériences un peu extraordinaires, assisté à un spectacle ou fait des visites, reçu des cadeaux… « Ils méritent de belles fêtes ! », s’exclame-t-elle.
Noël, c’est aussi apprendre à donner. L’an dernier, certains jeunes avaient réalisé des objets en bois pour décorer le jardin d’une maison de retraite tandis que d’autres s’étaient chargés de décorer les tables pour le repas de Noël des personnes âgées. « Préparer et fêter Noël avec les enfants que nous accompagnons tout au long de l’année, c’est aussi le moment pour nous de transmettre les valeurs de partage, de générosité et de bienveillance qui font partie de notre éducation », conclut joliment Amélie Arnould.
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