La fratrie n’existe pas sans parents ni filiation. Les membres d’une fratrie classique, ou naturelle, sont issus d’un même couple parental. Ils portent le même nom, partagent la même généalogie. Lorsque les ordres biologique et juridique se confondent, qu’un père ou une mère est partagé, on parle alors de « frères et sœurs de sang ». D’un point de vue juridique, la fratrie s’étend à l’adoption. Le cercle familial déjà, commence à s’ouvrir. Dérivé du latin frater, « frère », le terme “Fratrie” désigne l’ensemble des frères et sœurs d’une même famille dans le lexique de la démographie (Académie française). « Dans son acception la plus commune actuellement, on est frère et sœur lorsque l’on a au moins un parent commun, par engendrement ou par adoption », précise l’anthropologue Agnès Martial. Il faut noter que si, en sociologie, le terme fratrie, entendu comme ensemble de frères et sœurs d’une même famille, s’est imposé, les frères et sœurs eux-mêmes utilisent peu ce terme pour se désigner.

Chaque fratrie est unique

La taille de la fratrie, la répartition des sexes, la configuration, le rang de naissance et l’écart d’âge entre les enfants sont les cinq grands déterminants de la fratrie, sans que l’on sache précisément le poids de chacune de ces variables dans les relations fraternelles. Durant l’enfance, le rang de naissance et l’écart d’âge sont les deux variables les plus influentes. Chaque fratrie a ainsi une morphologie singulière et évolutive qui va en partie gouverner les relations. Pour être complet, il faudrait ajouter les conditions de vie familiale, la place que chacun occupe dans le cœur de ses parents et les éventuelles recompositions du couple parental.

Françoise Héritier Anthropologue

La fratrie est le lieu primordial où s’expérimentent l’identité et la différence au sein d’une équivalence.

Fratries recomposées

Avec les recompositions familiales, une nouvelle sociologie des fratries se dessine. Dans les fratries élargies, cohabitent à temps plein ou temps partiel des frères et sœurs germains et/ou demis, et/ou quasi-frères et sœurs. Dans ces fratries recomposées, les enfants – ou au moins l’un d’entre eux – n’ont qu’un seul parent en commun. Parfois, aucun. Ils sont issus d’histoires familiales différentes et leur façon d’être frère et sœur s’appréhende différemment des fratries naturelles. Surtout, leur manière d’être une fratrie leur appartient totalement. Frères de sang, frères de lait, demi-sœur, demi-frère, sœur ou frère adoptif deviennent autant de façons de se déclarer frère ou sœur. Si l’on peut faire une analogie entre
fratries recomposées et fratries accueillies ensemble dans les maisons des Villages ACTION ENFANCE, la notion de quasi-frères/soeurs nous semble s’exprimer dans le fraternage souvent évoqué par les anciens enfants placés. « Il est comme mon frère » est une expression souvent entendue.

La fratrie à l’aune des différentes disciplines des sciences sociales

  • Dans la mythologie, la fratrie est le plus souvent associée à la rivalité et l’inceste. Caïn et Abel, Hémos et Rhodope, sans parler des Atrides…
  • L’anthropologie met en évidence la force de la structuration du couple « aîné/cadet » dans les rapports familiaux et sociaux.
  • En psychanalyse, la fratrie a longtemps été considérée comme un terrain secondaire par rapport aux relations parent-enfant. Elle est désormais reconnue pour sa complexité et son influence durable sur le développement psychique.
  • Les sociologues évoquent principalement les liens frères-sœurs dans des contextes de carences parentales et, de plus en plus, dans le cadre des familles recomposées.
  • La psychologie s’est davantage intéressée à l’aspect pathogène ou aux conflits internes à la fratrie, centrant son approche sur la rivalité fraternelle, l’enfant unique ou encore les fratries dont un des membres est handicapé mais présente la fratrie comme lieu d’apprentissage des interactions sociales.
  • En droit, il n’existe tout simplement pas de droit de la fratrie, hormis l’interdiction de se marier entre frère et sœur, demi-frère et demi-sœur et le droit successoral.

Grandir avec ses frères et soeurs : un besoin

Dans nos Villages d’Enfants et d’Adolescents, frères et sœurs grandissent ensemble sans risquer d’être séparés. Ce maintien des liens favorise leur reconstruction.