Alors que le gouvernement, par la voix du secrétaire d’État chargé de la Protection de l’enfance, rappelle la nécessité de rester présent après le placement, ACTION ENFANCE renforce son accompagnement des jeunes majeurs qui ont grandi dans ses Villages d’Enfants et Foyers d’adolescents. Avec le nouveau dispositif ACTION+, elle les aide à devenir autonomes et sécurise le passage vers l’âge adulte.
Publié en début d’année, le référentiel d’accompagnement pour les sorties de l’ASE vise à éviter que l’atteinte de la majorité ne déstabilise les parcours dans lesquels les jeunes sont engagés. Une proposition de loi a été présentée à l’Assemblée nationale, début juillet, par Brigitte Bourguignon sous le titre : « Renforcer l’accompagnement des jeunes majeurs vulnérables vers l’autonomie ». Elle pointe ce paradoxe, déjà relevé par le CESE : il est demandé à ces jeunes majeurs d’être autonomes bien plus tôt que les autres personnes de leur âge, qui bénéficient d’un soutien financier et d’un logement familial jusqu’à leurs 25 ans en moyenne. Autrement dit, il est demandé plus de maturité, d’autonomie à ceux qui ont moins de ressources, de soutiens familiaux. Une double peine. La loi prévoit notamment que l’aide apportée aux anciens de l’ASE repose sur des critères fiables et identiques, quel que soit le territoire. Elle devra permettre aux jeunes de se projeter et de construire leur avenir, sans que celui-ci soit compromis par des ruptures brutales de parcours. Un texte qui fait écho à un axe stratégique de la Fondation qui consiste à consolider les parcours.
Cette question de l’après-placement interpelle la Fondation depuis de nombreuses années. Entre 2012 et 2017, le Service de Suite a accompagné 164 jeunes adultes, dont 85 % notamment au travers d’une aide financière, qu’elle soit durable ou ponctuelle. Près d’un quart d’entre eux y ont eu recours trois à cinq ans après leur sortie de la Fondation. « C’est pourquoi la Fondation a décidé de développer et d’optimiser le soutien apporté. Nous avons des jeunes en grande difficulté, pour lesquels la question de la survie peut parfois être posée quand ils sont sortis de nos établissements. Ils ont également besoin d’un accompagnement humain, d’une prise en compte globale de leur problématique du moment. Car nous le constatons, fournir une aide ponctuelle n’est pas suffisant pour sortir de la précarité et ne mène pas à l’autonomie », note Corinne Guidat, directrice du Village d’Enfants de Boissettes et du Foyer d’adolescents La Passerelle. Avec Sophie Perrier, elle a conduit le groupe de travail qui a permis de définir la philosophie d’ACTION+, mais aussi l’amplitude de son action, son mode d’organisation et sa relation avec les bénéficiaires et les établissements. La Fondation tient à ce principe : le lien tissé avec les enfants qui lui ont été confiés est inconditionnel tant que ces derniers souhaitent le conserver. ACTION ENFANCE sera toujours là pour eux.
ACTION+ est un dispositif constitué de six accompagnateurs, répartis précisément dans les départements où la Fondation est implantée : un référent à temps plein dans l’Essonne, la Seine-et-Marne, deux personnes à temps plein qui se partagent entre l’Aube et le Loiret, l’Indre-et-Loire et la Vienne et deux personnes à mi-temps, l’une pour l’Aisne, l’autre pour la Meuse. Avec ACTION+, la Fondation apporte un soutien de proximité aux jeunes et moins jeunes qui le souhaitent. « Nous prenons en compte les demandes de toute personne qui en ressent le besoin », souligne Moner Boulacheb. Tout commence par un contact téléphonique, suivi d’une première rencontre pour identifier la situation.
« Les accompagnateurs ont une approche systémique. Ils regardent la
situation globale, afin de préciser les besoins et les attentes qui sont
bien plus complexes que la demande initiale, souvent restreinte à
l’aspect financier. » Et surtout, ils sont présents, au quotidien,
auprès des personnes qui font appel à ACTION+. Forts de cette
expérience, ils ont également pour mission de mieux préparer la sortie
dès 15-16 ans, en lien avec les Villages d’Enfants et Foyers
d’adolescents de la Fondation, afin d’évaluer et de prévenir les risques
d’impasse à la sortie de placement.
Dans cette approche, la personne qui sollicite ACTION+ tient la place centrale. « Identifier
ses besoins, ses attentes, partager l’analyse, visualiser les étapes :
nous avons un rôle de conseil, mais c’est la personne qui pose ses choix
autant qu’elle peut le faire. Nous sommes dans un rapport d’adulte à
adulte et non plus d’éducateur à jeune accueilli. Nous nous fixons des
objectifs et des moyens pour les atteindre. Pourvu que la personne que
nous accompagnons prenne son destin à bras-lecorps, qu’elle ait envie,
qu’elle ait l’espoir de bien s’en sortir et d’aller là où elle veut
», atteste Moner Boulacheb avec bienveillance. La spécificité
d’ACTION+, c’est la co-construction d’un projet d’accompagnement
personnalisé, en collaboration étroite avec la personne actrice de son
devenir. Aux antipodes de l’assistanat.
Les conseiller et les accompagner dans leurs requêtes pour obtenir
l’aide personnalisée au logement (APL), une bourse d’étude, un
financement pour passer leur permis de conduire, les guider dans leurs
démarches pour actualiser leur couverture sociale ou encore dans leurs
échanges avec un bailleur social…
Ces étapes sont au coeur de la mission des référents d’ACTION+ dont
l’enjeu est de bien connaître les dispositifs de droit commun nationaux
mais aussi locaux. « J’insiste sur le fait que nous les orientons ou
faisons avec eux, mais pas à leur place. C’est à eux de prendre le
téléphone pour solliciter le dispositif ou la prestation dont ils ont
besoin », rappelle Moner Boulacheb. En appui, les accompagnateurs
ACTION+ pourront également associer des partenaires de proximité,
professionnels ou bénévoles. « ACTION+ n’a pas vocation à se substituer à la politique publique de Protection de l’enfance, renchérit Sophie Perrier. Mais nous sommes décidés à consacrer de vrais moyens sur cette phase longtemps sous-évaluée de l’après placement. » Car c’est un enjeu pour eux et un enjeu pour nous tous.
Retrouvez l’article complet dans le magazine Grandir Ensemble, page 4.