On appelle « inceste » toute relation sexuelle entre deux ou plusieurs membres d’une même famille, reliés par un lien de parenté ou par alliance. L’inceste est fortement réprimé par la société et puni par la loi lorsqu’il s’agit d’une relation sexuelle entre un adulte et un enfant.
En France, 1 Français sur 10 affirme avoir été victime d’inceste d’après un sondage Ipsos réalisé pour l’association Face à l’inceste en 2020. Sur 6,7 millions de victimes d’inceste, 78% sont des femmes.
L’inceste touche tous les milieux sociaux sans distinction de classe, de culture, de religion ou de niveau de vie. Les enfants en sont les premières victimes.
En effet, le tabou social autour de l’inceste ne permet ni aux adultes d’aborder ces sujets de manière concrète avec les enfants, ni aux enfants de trouver les mots et l’espace d’écoute adaptés pour s’exprimer à ce sujet en cas de besoin.
C’est pourquoi il est primordial d’aider et accompagner les enfants à briser le silence afin qu’ils puissent alerter leur entourage (à la garderie, à l’école, auprès d’amis ou parents d’amis, etc…) en cas de prémices d’une situation incestueuse au sein de leur foyer et éviter les violences.
L’inceste a des conséquences lourdes et souvent destructrices pour les victimes. Elles ne sont généralement pas visibles au moment de l’acte, mais elles se révèlent par la suite : stress post traumatique, addictions, anxiété, peurs incapacitantes, troubles du comportement et troubles alimentaires, dépression, automutilation, suicide… Autant de souffrances psychologiques, émotionnelles et physiques qui perdurent par manque d’information au sujet de l’inceste.
De plus, les victimes d’inceste développent souvent une forme de culpabilité tout au long de leur vie face à ce qui leur est arrivé, ce qui rend difficile la libération de la parole, l’accès à l’aide nécessaire, et la prise en charge psychologique.
C’est pourquoi il est important d’agir pour prévenir et punir cette forme de violence sexuelle dès l’enfance.
Parmi les violences intrafamiliales et les violences sexuelles incestueuses, le cas de l’inceste perpétré par un enfant ou un adolescent reste tabou. Il s’agit, dans la plupart des cas, d’inceste commis par des frères ou des cousins mineurs, sur d’autres enfants mineurs.
D’après le rapport de la sociologue Marie Romero (« La prise en charge des mineurs auteurs d’infractions à caractère sexuel à la protection judiciaire de la jeunesse »), 92% des mineurs auteurs de violences sexuelles incestueuses en France sont des garçons et l’âge moyen des victimes lors de la première agression dans le cas d’inceste commis par un mineur est de 7 ans.
L’inceste dans la fratrie s’inscrit souvent sur le temps long et n’est pas encore assez bien détecter au sein des familles. Ainsi, les enjeux de la détection et des soins sont essentiels car les conséquences de telles violences peuvent être aussi tragiques que celles commises par des adultes. En effet, la minimisation et le déni conduisent à l’invisibilité de ce phénomène. L’inceste commis par un mineur est pourtant le produit d’une organisation familiale et sociale défaillante (absence de cadre autour de la sexualité, injonction au silence, déni, secrets gardés…) qui met en danger les victimes, mais également les auteurs mineurs.
Pour en savoir plus : https://revueladeferlante.fr/inceste-commis-par-des-mineurs-le-grand-deni/
Il est tout d’abord important d’aider les enfants à identifier une situation d’inceste. En effet, beaucoup d’enfants n’ont pas assez de connaissances pour savoir si la relation intime établie avec l’un des membres de sa famille est acceptable ou non. Il est donc très important de sensibiliser les enfants à cette forme de violence intrafamiliale pour qu’ils puissent détecter une situation anormale et dangereuse à leur encontre très rapidement et en parler.
Il est aussi essentiel de former les professionnels de l’enfance à recevoir la parole des enfants, à les écouter pour détecter une quelconque situation d’inceste qui pourrait gravement nuire à leur santé et à leur développement.
Si vous avez été victime d’inceste, il est important d’en parler, de briser le silence. Les professionnels de la santé mentale et les organisations spécialisées dans les violences sexuelles sont présentes pour vous écouter.
En France, les victimes d’inceste ont jusqu’à trente ans après leur majorité pour porter plainte contre leur agresseur, quel que soit leur âge au moment des faits. Elles peuvent également témoigner auprès de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (la CIIVISE) : https://www.ciivise.fr/
De plus, tout citoyen qui aurait des soupçons de violences intrafamiliales et notamment de violences sexuelles sur mineur, doit impérativement contacter le 119 (https://www.allo119.gouv.fr/) pour être mis en relation avec des professionnels.
« Le fait, pour quiconque ayant eu connaissance de privations, de mauvais traitements ou d’agressions ou atteintes sexuelles infligés à un mineur ou à une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge, d’une maladie, d’une infirmité, d’une déficience physique ou psychique ou d’un état de grossesse, de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ». (Article 434-3 du code pénal)
Pour aller plus loin, découvrez le témoignage de Camille, victime de violences sexuelles incestueuses :
(Ce contenu peut possiblement affecter la sensibilité de personnes ayant subi des violences, n’hésitez pas à en stopper la lecture à tout moment.)