« Je suis ressortie plus forte »

Laura, ainée d’une fratrie de trois enfants, arrive au Village d’Enfants et d’Adolescents de Bar-le-Duc en 2008. Elle a alors 11 ans. Sa sœur (9 ans) et son frère (7 ans) la rejoignent. Ils ne sont pas accueillis dans la même maison. « Il fallait que je retrouve ma place d’enfant, car j’avais plutôt un rôle de maman avec eux. » Laura est alors au collège, en classe de 5e ; elle connaît une année scolaire un peu difficile, car l’adolescente est en plein rébellion. « Avant de rejoindre le Village, j’avais été placée pendant un an dans une MECS près de Nancy. C’est déstabilisant d’être ballottée à droite à gauche, de changer de structure, de repères, de devoir vivre avec de nouveaux éducateurs. On se sent tout le temps abandonnée par les adultes. »

Laura en 3 dates

  • Septembre 2008 : arrivée au Village d’Enfants et d’Adolescents de Bar-le-Duc. Laura a alors 11 ans.
  • Eté 2010 : décision du juge de stopper les droits de visites et d’hébergement de sa mère. Laura est en revanche très proche de sa grand-mère qu’elle voit fréquemment.
  • Novembre 2014 : sortie du Village. Laura a 18 ans ; elle est apprentie dans un bureau de tabac de Bar-le-Duc.

Une aide précieuse

Au fil du temps, Laura est plus apaisée, plus facile à vivre. « J’avais du mal à faire confiance aux adultes, car j’avais été trahie et déçue par mes proches. J’étais notamment, en conflit avec ma mère. Certains éducateurs ont travaillé cela avec moi. Ils m’ont toujours valorisée, poussée vers le haut, ils ont cru en moi et cela m’a donné confiance. » À seize ans, elle intègre un studio dans le Village. Elle est alors en apprentissage dans un bureau de tabac. Elle apprécie cette nouvelle vie et ce début d’autonomie. « J’ai été apprentie, donc autonome rapidement pour pouvoir gagner ma vie à ma sortie. Car je ne pouvais pas compter sur ma famille. J’ai toujours été très lucide sur la situation. » Laura quitte le Village à 18 ans et emménage avec son petit ami. Elle enchaîne les missions en intérim. « Le Village m’a aidée à devenir une femme, à faire quelque chose de ma vie. Ce passage m’a enrichie et je suis ressortie plus forte. Nous pourrions sans doute être davantage préparés à la vie réelle. Au Village, on vit le moment présent, sans problèmes matériels. Quand on reçoit les premières factures, on prend une sacrée claque ! Il faut bien expliquer aux jeunes le budget, le coût de la vie, les démarches à réaliser, les organismes à contacter. C’est important de les rendre responsables, de ne pas tout faire à leur place. »

Laura se montre très reconnaissante de toute l’aide apportée par ACTION ENFANCE. « Nous avons passé des vacances merveilleuses, découvert des lieux, des activités que nous n’aurions jamais pu connaître en famille. ACTION+ m’a bien soutenue à la sortie du Village, notamment pour financer mon permis de conduire et ma première voiture. Je les en remercie infiniment. »

Laura

Je me suis attachée à certains éducateurs comme des repères, des pères, des mères, des frères et sœurs de substitution. C’est indispensable pour s’identifier et grandir.

Des liens durables

En 2018, Laura rencontre l’homme qui deviendra son mari deux ans plus tard. La jeune femme est aujourd’hui aide à domicile. Depuis sa sortie du Village, elle est restée en contact avec deux éducatrices/teurs familiaux qui l’ont particulièrement soutenue. Ils se croisent régulièrement en ville, se donnent des nouvelles. « Ils m’ont aidée à grandir, à devenir l’adulte que je suis. Ils ont marqué ma vie comme j’ai marqué la leur. Je sais que les éducateurs doivent instaurer des barrières, mais c’est impossible ! Ils vivent avec nous, sont notre épaule, nos confidents ; ils gèrent nos craintes, nos peurs, nos déceptions, nos joies. »