Parce que la Fondation ACTION ENFANCE protège l’enfant dans sa globalité, elle veille à lui offrir toutes les conditions favorables à son bien-être et à son épanouissement au travers d’un suivi médical adapté aux besoins spécifiques de chacun.
« Globalement, les enfants accueillis à la Fondation semblent plutôt mieux suivis et en meilleure santé que dans d’autres institutions ou familles d’accueil que je connais », estime le Dr Pitois, qui exerce près du Village d’Enfants de Soissons depuis 2009. Un suivi médical adapté et personnalisé est en effet considéré par ACTION ENFANCE comme un préalable indispensable à l’épanouissement des enfants et des jeunes qui lui sont confiés. Dès l’arrivée de l’enfant, une visite est organisée avec le référent ASE et les personnes qui l’accompagnaient dans son précédent placement. « L’éducateur familial, le chef de service, la psychologue et l’infirmière assistent à cet entretien. Ils prennent connaissance d’éventuelles maladies chroniques ou de troubles psychiques repérés et peuvent ainsi prévoir les prises en charge thérapeutiques qui conviennent », explique Hélène Guilbert, directrice du Village d’Enfants de Soissons.
La transmission du dossier médical est obligatoire pour valider l’admission… mais il est rarement complet. Entre 7 et 12 jours après son arrivée, l’enfant ou la fratrie est reçu par un généraliste qui réalise un check-up, vérifie les vaccins et réadapte le cas échéant les posologies administrées. Séquelles des maltraitances ou des carences qu’ils ont subies, beaucoup sont déjà sous traitement ou suivent des séances de rééducation pour des problèmes de scoliose ou de genou liés à des croissances trop rapides associées à des carences alimentaires. D’autres, au contraire, ont des retards de croissance importants, par refus de grandir. « Nous sommes très vigilants en ce qui concerne la santé et en particulier la non-observance d’un traitement, relève Marianne Odjo, directrice du Foyer d’Adolescents le Phare à Mennecy. Il nous est arrivé de constater qu’un jeune, placé auparavant dans une autre institution, avait une prescription de kinésithérapie et n’y était pas allé depuis plusieurs mois. »
Il faut aussi souvent reprendre avec chacun les fondamentaux du soin. Nombreux sont les enfants à qui il faut (ré)apprendre les règles élémentaires d’hygiène. « Prendre soin de soi, prendre le temps de se laver, certains n’en voient même pas l’intérêt », relève Séverine Mismetti, infirmière au Village d’Enfants de Soissons. Au début de la période de confinement liée au Covid-19, ses compétences ont été particulièrement sollicitées pour montrer comment se laver correctement les mains et expliquer ce qu’est un virus. « Disposer d’une infirmière dans l’établissement s’est révélé comme un atout pour tous. Nous n’avons pas eu de malades du coronavirus, les différents gestes barrière ont été compris et intégrés par tous », précise Hélène Guilbert.
Le suivi de la santé des enfants est exigeant et prend beaucoup de temps aux éducatrices/teurs familiaux qui les accompagnent chez le généraliste, le dentiste, le kinésithérapeute, l’orthodontiste, etc. En première ligne, les équipes éducatives soignent les petites blessures, veillent à ce que les traitements médicaux soient bien suivis, discutent avec le médecin généraliste référent des enfants si besoin et en informent l’infirmière de l’établissement quand ce dernier en dispose. Un guide à l’usage des équipes a été élaboré en 2018 afin de donner des repères, de sécuriser le circuit et la délivrance des médicaments, et de renforcer la prévention des risques.
« En aucun cas, les éducateurs ne sont des soignants », rappelle Marianne Odjo, qui se réjouit d’avoir obtenu l’accord du Conseil départemental de l’Essonne pour bénéficier d’une infirmière libérale à temps partiel. « Je prends les rendez-vous avec les spécialistes, accompagne les enfants qui ont des pathologies lourdes, explique Séverine Mismetti, sachant que plusieurs d’entre eux sont suivis à l’hôpital Necker à Paris ou à celui de Saint-Maurice (94). » Certains enfants, en effet, souffrent de maladies chroniques, à l’instar des mineurs non accompagnés fréquemment atteints d’hépatite B ou de drépanocytose. D’autres, de handicaps physiques qui nécessitent d’avoir recours à des prothèses auditives, orthopédiques, etc. « Vis-à-vis des enfants et des équipes éducatives, mon rôle consiste à expliquer les informations médicales parfois compliquées et à dédramatiser. Avant d’accompagner un enfant en consultation, je fais un point avec ses éducatrices/ teurs familiaux puis, dans le compte-rendu que je leur remets, ainsi qu’aux parents, je privilégie un langage clair. »
Les enfants et les jeunes accueillis à la Fondation font face à une multitude de problèmes liés à leur histoire, qui peuvent provoquer une souffrance psychique et s’extérioriser de multiples manières : par un surinvestissement affectif ou, a contrario, une incapacité à s’attacher, de l’agressivité ou un renfermement sur soi, un sentiment de toute-puissance ou une dévalorisation, des attitudes régressives ou des auto-mutilations, des difficultés d’apprentissage scolaire… Dans tous les cas, il est indispensable d’être à l’écoute. « Il nous appartient d’essayer de comprendre pourquoi cette jeune fille a mal au dos ou pour quelle raison ce garçon se met à boiter. Et l’on découvre qu’une audience devant le juge aura lieu dans quelques jours ou que la dernière visite chez les parents ne s’est pas bien passée », relève Christelle Gojo, psychologue au Village d’Enfants de Soissons. Pour aider les enfants et les adolescents à exprimer leurs émotions, à parler de leur ressenti, les professionnels ont recours à différentes techniques et formes de médiation. La sophrologie, l’équithérapie ou encore des outils comme une salle des 5 sens donnent de très bons résultats.
Le travail du Village d’Enfants de Chinon avec l’association Héka en témoigne. « Pour répondre aux troubles psychiques des enfants et des adolescents en grandes difficultés – et parce que la liste d’attente pour un premier rendez-vous au Centre médico-psychologique était de plus de 18 mois – nous avons cherché, avec l’appui de notre psychologue Lucile Talbot, à créer un réseau de partenaires avec Héka », explique Jamel Senhadji, directeur du Village d’Enfants de Chinon. L’un des membres fondateurs de cette association, psychologue clinicien, a également une pratique des arts circassiens. Il utilise le média artistique du cirque et du théâtre de rue pour alléger la souffrance psychique. L’équipe éducative a mis en place un projet pour un groupe de sept adolescents. « Après des débuts houleux, deux d’entre eux, qui présentaient d’importants troubles du comportement, se sont mis à se lever à l’heure. Ils ont fini par oublier la visée thérapeutique et s’ouvrent aux autres plus facilement grâce à la dynamique de groupe et à la magie du chapiteau. »
L’histoire des mineurs étrangers en provenance d’Afrique subsaharienne est tout autre mais tout aussi traumatisante. « Les jeunes Africains, garçons ou filles, que nous accueillons sont très matures, d’apparence très forts mentalement. Mais un grand nombre d’entre eux ont vécu des horreurs pendant la traversée de la Méditerranée ou en Lybie, sans parler du choc des cultures et de la mission dont ils sont investis par leur famille », souligne Marianne Odjo. Les syndromes post-traumatiques sont nombreux et justifient, pour certains, une prise en charge par un ethnopsychologue. « Il fait des merveilles. Les jeunes sont ravis de l’avoir comme thérapeute. »
Les enfants qui arrivent présentent plus de troubles qu’il y a quelques années, avec de vrais déficits sur la question du soin et des troubles de l’attachement.
La prévention tient également une place de choix dans la prise en charge de la santé. Éducateurs familiaux, infirmières et psychologues s’allient pour prévenir ou enrayer les addictions. La nutrition fait l’objet de toutes les attentions. « L’angoisse de l’abandon se traduit souvent par une polyphagie ou des dysfonctionnements alimentaires, étaye le Dr Pitois. Au Village d’Enfants, l’éducatrice/teur familial, en permanence aux côtés des jeunes, ne va pas les laisser se servir sans cesse dans le réfrigérateur sans réagir. De plus, les repas sont préparés dans chaque maison, les enfants y participent, ce qui donne une plus grande conscience de la nourriture que lorsque les cuisines sont collectives. » Occasionnellement, des ateliers à l’intention des éducateurs familiaux sont organisés avec une diététicienne. « Ce n’est pas simple de préparer tous les jours des repas pour huit personnes. Ces ateliers permettent de sensibiliser les équipes à l’équilibre alimentaire. Je propose également des aménagements aux menus », complète Séverine Mismetti.
Même si elle n’est pas toujours facile à aborder par les éducatrices/teurs familiaux, la sexualité des jeunes ne doit pas être un sujet tabou. « J’en fais mon cheval de bataille, affirme la directrice du Phare, car pour les jeunes que nous accueillons – qui ont entre 12 et 17 ans – les repères ne sont pas évidents. Il n’est pas rare qu’ils aient une sexualité très précoce. Il faut prendre soin d’eux sur ce plan également, alerter sur les comportements à risque, accompagner les jeunes filles au planning familial. » Elle a ainsi fait venir l’équipe de Tout SEXplique, deux infirmières du Département de l’Essonne et un sexologue, qui ont rencontré les jeunes, individuellement puis en groupe et avec leurs éducateurs. Deux formations ont été proposées à l’équipe éducative, l’une sur l’initiation sexuelle des adolescents, l’autre sur la prévention de la prostitution. Dans les Villages d’Enfants de Bar-le-Duc, Bréviandes et Soissons, une troupe de théâtre est intervenue pour faire de la prévention sur le sujet de la sexualité. « Nous avons la chance à la Fondation d’avoir la possibilité d’engager des moyens pour mener toutes ces belles actions », conclut Séverine Mismetti. Et cela, grâce à la générosité des donateurs de la Fondation.
Retrouvez l’article complet dans notre magazine Grandir Ensemble n°107, p.4