“Offrir aux enfants placés les mêmes opportunités qu’à leurs pairs”

Après une analyse fine afin que la future structure d’accueil réponde au mieux aux besoins des enfants du Loir-et-Cher, le Département a lancé un appel à projet pour deux Villages d’Enfants. ACTION ENFANCE en est la lauréate. Entretien avec Philippe GOUET, Président du Conseil départemental du Loir-et-Cher

Quels sont les besoins en Protection de l’enfance dans votre Département ?

Ils sont à l’image de la Protection de l’enfance en France : en forte progression et avec un chiffre marquant à l’échelle nationale : 22 % des enfants placés présentent des troubles psychiatriques ou psychologiques graves. Le Loir-et-Cher ne fait pas exception et nous faisons face à une augmentation significative des enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE). En 2019, 1 074 enfants ont été pris en charge et ce chiffre avoisine 1 300 en 2024.

Pourquoi avez-vous souhaité l’implantation de Villages d’Enfants et d’Adolescents en Loir-et-Cher ?

Le Département cherche à diversifier les modes d’accompagnement des enfants qui lui sont confiés. Au regard de l’évolution de la démographie des assistants familiaux, j’ai souhaité qu’une réflexion soit menée afin de pouvoir accueillir des fratries biologiques pour ne pas les séparer mais également de donner la possibilité à d’autres enfants sans lien de parenté entre eux de grandir, le temps du placement, dans une dynamique se rapprochant d’un noyau familial. Le Village d’Enfants et d’Adolescents nous est apparu comme une réponse adaptée, dans la mesure où le projet repose sur l’accueil en maisons de fratries composées d’enfants de tous âges.

Quels éléments, dans la réponse d’ACTION ENFANCE, ont pesé en sa faveur ?

La Fondation ACTION ENFANCE nous a impressionnés par la qualité de son dossier sur le plan éducatif et social. Il était en totale adéquation avec nos attentes, notamment le fait de pouvoir accueillir des enfants et des jeunes sur deux implantations. La Fondation gère déjà 15 Villages d’Enfants et d’Adolescents. Cette expérience nous semblait être un atout majeur. La proposition d’un modèle de fonctionnement reposant autant que possible sur la désinstitutionalisation, l’autonomisation et l’intégration dans la vie de la cité nous a séduits. Sans oublier bien sûr les fondamentaux des Villages ACTION ENFANCE : un accompagnement personnalisé et sécurisant pour chacun, proche d’un environnement familial, ainsi que la possibilité d’accueillir des fratries dans une même maisonnée, tout en garantissant une stabilité de parcours pour ces enfants vulnérables.

L’appel à projet manifestait une attente forte par rapport à l’accueil de tout-petits. Comment ACTION ENFANCE répond-elle à ce besoin ?

L’accueil des tout-petits est particulièrement tendu dans notre Département. J’ai en tête ce couple qui divorce et dont aucun des deux parents ne veut la garde des quatre enfants. Il est impensable d’éclater cette fratrie dans des structures différentes, et d’ajouter au traumatisme de l’abandon par les parents
la séparation des frères et sœurs dont certains sont en bas âge. Le dispositif du Village d’Enfants et d’Adolescents de la Fondation permet de garder les fratries unies, même avec des tout-petits.

Les implantations de ces deux Villages sont-elles déjà connues ?

C’est un peu tôt pour indiquer des localisations précises, mais l’intérêt d’avoir deux sites est d’assurer un maillage territorial. Nous envisageons donc d’implanter le premier dans le Vendômois et le second vers Blois. Ce sera impérativement dans un environnement urbain, à la fois pour accéder à une offre scolaire et de soins de qualité mais aussi aux activités sportives et culturelles. Ce projet est un véritable levier pour offrir à ces enfants protégés les mêmes opportunités que leurs pairs dans le Loir-et-Cher.