Les parents d’une fratrie de trois enfants, fermement opposés à la décision de placement, collaborent aujourd’hui avec les équipes éducatives dans l’intérêt de leurs enfants.
Manon, Lucas et Nina, âgés de 11, 9 et 2 ans et demi, sont arrivés dans ce Village d’Enfants et d’Adolescents de Touraine, dès l’ouverture de l’établissement. Les trois frère et sœurs vivaient auparavant avec leur mère et son nouveau compagnon. Tous ont la même maman mais pas le même papa : les deux grands sont nés d’une première union et Nina, leur demi-sœur, est la fille du nouveau couple.
Au début, les parents ont eu beaucoup de mal à accepter ce placement qu’ils vivaient comme une sanction. Les relations avec l’équipe du Village étaient assez conflictuelles. « Nous avons organisé plusieurs rencontres avec les parents. Nous voulions leur expliquer l’intérêt de travailler tous ensemble afin de faire évoluer leur situation et celle de leurs enfants, les aider à recréer des liens familiaux apaisés », explique Gildas, l’éducateur familial qui partage le quotidien des enfants.
Six mois plus tard, grâce aux rencontres régulières avec la chef de service et la psychologue du Village, les parents ont commencé à s’inscrire dans une collaboration. Ils ont pris conscience de la situation et ont initié une dynamique positive : la mère qui peinait à trouver sa place et à accompagner ses enfants, notamment sur le plan de leur scolarité et de leur santé, a entamé un suivi psychologique. Son conjoint, pour sa part, a entrepris une cure de désintoxication pour soigner son addiction à l’alcool. Il accepte désormais que sa compagne tienne son rôle auprès des enfants.
Lors de l’audience qui s’est tenue un an après l’arrivée de la fratrie, le juge a constaté les efforts réalisés par le couple : leurs démarches thérapeutiques personnelles, leur collaboration avec le Village d’Enfants et d’Adolescents… « Les parents avaient jusque-là un droit de visite en lieu neutre et médiatisé, en présence d’un éducateur familial du Village, une fois par semaine. Premier grand changement, un an plus tard, le couple a obtenu un droit de visite à domicile. Les enfants pouvaient alors passer 3-4 heures chez leurs parents, partager un repas en famille, toujours sous la vigilance d’un éducateur familial. Il a fallu faire tout un travail avec les deux plus grands qui se souvenaient des violences à la maison entre leur mère et son nouveau compagnon », poursuit Gildas.
Nouvelle évolution le semestre suivant, le couple bénéficie d’un droit de visite à domicile semi-encadrée, trois fois par mois. Les enfants retournent à la maison durant toute une journée, de 10 h à 17 h 30. L’éducateur familial est présent la première et la dernière heure. Le couple a également obtenu un droit d’hébergement une fois par mois. « Les enfants se sentent apaisés quand ils rentrent chez eux. La petite dernière a beaucoup d’affection pour ses parents. Elle pose de nombreuses questions quand elle revient de visite hébergée. »
En près de deux ans, les relations entre les parents et l’équipe éducative du Village ont évolué très positivement. Le couple a compris les raisons du placement et réalisé beaucoup d’efforts dans l’intérêt des enfants. « Nous rencontrons régulièrement les parents pour faire le point. Les relations sont cordiales. On les inclut dans les rendez-vous qui concernent leurs enfants : médecin, école… Ils répondent toujours présents. Les enfants sont ravis que cela évolue ainsi. Ils ont parfois hâte de rentrer chez eux. Nous leur montrons le chemin parcouru depuis leur arrivée. » Si tout se passe bien, la situation pourrait de nouveau évoluer dans les prochains mois : droit d’hébergement plus fréquent, davantage de visites pendant les vacances scolaires… et même à terme, un Placement éducatif à domicile (PEAD). Les équipes du Village d’Enfants et d’Adolescents accompagnent petit à petit les enfants et leurs parents vers ce retour à domicile.
Dès leur arrivée au Village d’Enfants et d’Adolescents, les deux aînés, Manon et Lucas, ont continué à voir très régulièrement leur père qui bénéficie de droits de visite libre et de droits d’hébergement pour ses deux enfants. Il n’avait pas souhaité obtenir leur garde car il s’occupe d’un troisième enfant malade.