Lorsque leur éducateur familial leur a proposé de participer à une maraude dans les rues de Bordeaux à l’approche de Noël, Amélie, Shaïna et Nathanaël se sont lancés sans hésiter dans l’aventure. Une première expérience fondatrice pour ces jeunes gens qui s’orientent professionnellement vers le travail social et l’aide à la personne.
Amélie prépare un bac professionnel Service aux personnes et aux territoires. Elle a déjà réalisé des stages à l’hôpital et dans des établissements médico-sociaux. Nathanaël, qui passe un Bac ST2S(1), souhaite intégrer l’Institut régional du travail social (IRTS) de Nouvelle Aquitaine. Après son bac Gestion administrative, Shaïna a également le projet de s’orienter vers le social et envisage de devenir assistante sociale. Lorsque Nassim Chambazi, alors éducateur familial au Village d’Enfants et d’Adolescents de Sablons, leur a proposé ce projet de maraude dans les rues de Bordeaux, ces trois jeunes gens, à la fibre sociale bien développée, ont tout de suite adhéré à l’initiative. « Pour entrer à l’IRTS, je dois faire des stages ou des projets en lien avec mon futur métier d’éducateur. Cette proposition tombait très bien dans mon cursus », témoigne Nathanaël. « Nous étions contents que Nassim pense à nous pour ce projet, car c’est une expérience intéressante pour notre futur professionnel », note Amélie.
Pour mener à bien ce projet, les jeunes Sablonais ont rejoint des équipes de maraude de l’association Précoeurité, qui agissent dans le centre-ville de Bordeaux en offrant nourriture et vêtements à ceux qui en ont besoin. Nassim Chambazi connaissait certains membres de l’association avec lesquels il a fait ses études. « Intervenir dans la rue demande d’avoir du recul. Nous avions préparé les jeunes en les sensibilisant à la drogue, la violence, à l’extrême dénuement auquel ils allaient être confrontés, assure-t-il. Ils étaient vraiment motivés, parce qu’ils sont sensibles, attentifs aux autres, et cela nourrit leur projet professionnel. »
Monter un projet avec les jeunes doit avoir du sens pour eux, sur un plan éducatif et pour leur avenir. Cette expérience de maraude leur a apporté une approche concrète de la précarité qui leur sera utile professionnellement et au-delà : en termes de socialisation, c’est une ouverture unique. Au début, ils étaient dans la retenue, mais ils ont très vite développé cette capacité à aller vers les gens, les bénévoles de l’association et les personnes dans la rue. Dans cette aventure, ils ont vraiment réussi à intégrer la théorie – avec la sensibilisation que l’on avait faite au préalable – et la mise en pratique sur le terrain.
Les jeunes Sablonais ont préparé leur intervention bien en amont, notamment par une cagnotte en ligne et des appels à dons auprès d’entreprises locales. Quelques jours avant la maraude, Shaïna et Amélie ont fait les courses et emballé leurs cadeaux. Principalement de la nourriture, des produits d’hygiène, des sacs de couchage, des tentes. Avec l’appui de Nathanaël et d’autres bénévoles de Précoeurité, la petite équipe a distribué pas moins de 200 colis. « J’étais heureuse d’offrir à ces personnes en difficulté ce que l’on avait préparé pour eux, de me dire que je pouvais les aider. S’ils ne montraient pas toujours que cela leur faisait plaisir, au moins je savais que nos cadeaux leur seraient utiles », observe Shaïna. « Ce qu’on leur apportait répondait à des besoins fondamentaux, physiologiques, commente Nathanaël. Mais l’objectif principal était de lutter contre l’isolement en cette période de Noël. » Et du fond de leur dénuement, les remerciements chaleureux de certains bénéficiaires de cet élan de solidarité n’en avaient que plus de prix. Une action que les jeunes philanthropes sont prêts à recommencer l’année prochaine, si leur programme le leur permet…
(1) Sciences et technologies de la santé et du social.