“Le Village, c’est mon endroit préféré au monde”

“Le Village, c’est mon endroit préféré au monde”

Noémy, 23 ans, a conservé de doux souvenirs du Village d’Enfants et d’Adolescents de La Boisserelle où elle a été accueillie de sa petite enfance jusqu’à l’âge de 11 ans. Un lieu qu’elle considère comme son « endroit préféré au monde ».

Noémy a un projet d’avenir : passer son diplôme d’accès aux études universitaires(2) et entreprendre des études de droit. « J’aimerais être juge des enfants. Je sais que c’est beaucoup d’investissement, mais j’ai besoin d’aider », dit la jeune femme qui n’a pas pu suivre le parcours scolaire qu’elle aurait souhaité. Avec son CAP de vente, elle est actuellement en poste dans un « drive » de supermarché de Montluçon pour financer ses études. « Je me bats – peut-être plus que d’autres – parce qu’il faut que je réussisse. J’essaie de devenir la personne dont j’aurais eu besoin quand j’étais enfant. »

“L’endroit où j’étais en sécurité”

Noémy connaît son premier placement en famille d’accueil alors qu’elle n’a que quelques mois. Elle est ensuite placée dans un établissement, puis accueillie pendant six mois au Village d’Enfants et d’Adolescents de Clairefontaine, avant d’être orientée vers une autre famille d’accueil. Elle a 5 ans lorsqu’elle arrive au Village d’Enfants et d’Adolescents de La Boisserelle, avec son frère aîné et l’une de ses sœurs. Jusqu’à ce que sa mère déménage en Auvergne six ans plus tard. « Je ne voulais pas y aller. Mais, on a dû la suivre : décision du juge. » À son plus grand regret, la fratrie quitte alors l’accueil bienveillant d’ACTION ENFANCE.

« Au Village, j’avais une vie normale, des gens qui faisaient attention à moi et qui m’apprenaient des choses. J’avais des amis. C’est un endroit où j’étais en sécurité. Ce qui n’a plus du tout été le cas ensuite, dans la famille d’accueil où nous étions maltraités, et encore moins plus tard, chez ma mère. Au Village de La Boisserelle, les éducateurs ont tenu le rôle des parents que j’aurais dû avoir. En faisant leur métier avec beaucoup d’affection et d’attention. Ils m’ont sauvée, m’ont donné la force d’avancer en ayant appris, grâce à eux, qu’il n’y avait pas que des mauvaises personnes sur terre ! La Boisserelle, c’est mon endroit préféré au monde, les meilleurs moments de ma vie aussi », souligne avec ferveur la jeune femme.

Noémy

Le Village représente vraiment tout pour moi. C’est une mère. Ailleurs, toute mon enfance, je n’ai connu que l’enfer.

L’envie de témoigner

Retourner sur les lieux de son enfance a bousculé Noémy. « C’était beaucoup d’émotions, des sentiments mêlés de bonheur et de tristesse. J’ai beaucoup pleuré en me disant que je n’avais pas assez vu à quel point cette période avait été bonne pour moi. Et j’ai été très touchée par l’invitation : j’ai senti que je n’avais pas été oubliée, que j’existais toujours pour ACTION ENFANCE.»

À cette occasion, elle a entendu parler d’ACTION+, mais ne fera peut-être pas appel au service « J’aimerais demander de l’aide… – ou il le faudrait … – mais je ne sais pas. J’aimerais aussi me débrouiller seule », assure la discrète et volontaire jeune femme.

Un autre sujet lui tient à coeur. Témoigner de son histoire et faire changer le regard que les gens ont sur les foyers et les enfants qui y sont placés. « Ce ne sont pas de mauvais enfants ou un mauvais endroit. Pour certains, c’est notre maison, notre famille. On n’a pas tous les mêmes chances, mais les enfants de la Protection de l’enfance ne sont pas forcément voués à l’échec. Il nous faut simplement un peu plus de temps pour nous battre et atteindre nos objectifs. »

Noémy a écrit trois livres, l’un autobiographique, les deux autres de fiction. Les retours des premiers lecteurs ont été positifs. « J’ai envisagé de les éditer, mais je dois trouver une correctrice. C’est un projet que je veux terminer. » Avis aux éditeurs !

(2) Il donne les mêmes droits que le baccalauréat pour entrer à l’université.