En quelques mois, les éducatrices/teurs familiaux prenant soin de Lewis, un petit garçon qui souffrait d’obésité, de motricité précaire et de déficit langagier, l’ont remis sur une trajectoire de vie plus équilibrée et plus sereine. Avec des principes de bon sens, la conviction qu’il fallait le sauver et beaucoup d’attention.
Lewis a 5 ans lorsqu’il est accueilli au Village d’Enfants et d’Adolescents de Cesson. Si son frère et sa sœur aînés placés en même temps que lui sont en bonne santé, il en va tout autrement pour le benjamin de la fratrie. Obèse, sa motricité est déficiente et il souffre en outre d’encoprésie. En cause, principalement, l’alimentation totalement déstructurée qu’il a reçue, composée de biberons chocolatés à volonté et de soda, sans aucune stimulation par ailleurs. Autre symptôme d’un manque de soin et d’attention : il ne parle pas sinon par onomatopées, se fait comprendre en hurlant, tapant ou griffant.
Pour l’équipe éducative, qui est pourtant habituée à rencontrer des enfants qui vivent des situations difficiles, c’est un choc. “Il ressemblait à un enfant sauvage“, avance prudemment Ulrich Kpodan, éducateur familial. Un petit, qu’on aurait abandonné.
Autour de Lewis, un véritable plan de bataille se met en marche pour l’aider à se réapproprier son corps. “Les premières choses auxquelles nous nous sommes attelés, c’est bien sûr de rééquilibrer son alimentation et de l’amener à bouger.”
Au menu, des protéines, des légumes, des fruits et des féculents. “Nous lui avons expliqué que l’on ne prenait plus de biberons à son âge, mais qu’il pouvait boire du chocolat au lait dans un bol, de façon raisonnable. Et, bien sûr, plus de soda. D’ailleurs, nous n’en buvons qu’exceptionnellement à la maison.” En complément de cette reprise en main, de l’activité physique, à son rythme. Le séjour en camping de quatre semaines l’été dernier a été déterminant. “Nous avons profité de la piscine pour lui apprendre à flotter et à se mouvoir dans l’eau. Nous l’avons initié à diverses activités physiques, à un niveau adapté, telles que de la randonnée, de l’accrobranche, du canoë-kayak. Notre objectif était de lui donner le goût de bouger.”
Et les progrès sont fulgurants. Deux mois après son arrivée au Village, l’encoprésie – qui traduit souvent un trouble du comportement et de la relation aux parents – est terminée… Lewis prend confiance en son corps, s’alimente mieux, ne tombe plus au moindre mouvement. En un an, il perd 15 kg.
C’est tout un Village qui s’est mis au diapason pour aider le petit Lewis à reprendre possession de sa vie. Son enseignante a aussi été fantastique dans cet accompagnement.
À force d’être stimulé par ses éducatrices/teurs familiaux mais aussi au contact des autres enfants qui se montrent très bienveillants à son égard, sa capacité à s’exprimer s’améliore nettement. Son vocabulaire s’enrichit, il arrive à formuler de petites phrases. Une vraie victoire. “D’ailleurs, je l’appelle mon petit champion, car c’est extraordinaire les progrès qu’il a réalisés en un an, sur tous les plans : morphologie, langage et comportement.”
Scolarisé en grande section de maternelle, Lewis présente des retards d’apprentissage notables, ne connaissant pas son alphabet et comptant à peine jusqu’à 30. Il fera néanmoins sa rentrée en CP, avec le soutien d’une accompagnante d’élèves en situation de handicap (AESH) et le souhait qu’il intègre une classe adaptée. Un nouveau dossier MDPH est en cours de constitution à cet effet.
“Son placement a été prolongé pour un an, afin que nous puissions continuer à prendre soin de lui. Nous nous concentrons sur son bien-être“, conclut son éducateur familial.